La firme transatlantique Eusa Pharma vient d'acquérir la société OPi, spécialisée dans les maladies rares et graves.
Le montant de la
transaction n'a pas été divulgué, mais selon le quotidien “Les
Echos”, la société serait valorisée à plus de 100 M€. De plus, elle
possède un “cash flow” positif. Eusa Pharma a été créée en mai
2006, grâce à une levée de fonds et au rachat de Talisker Pharma.
Mais la société ne prendra de dimension matérielle qu'avec le
rachat d'OPi, grâce à un tour de table de 175 M$ (133 M€). La
combinaison de ces deux sociétés va créer un groupe pharmaceutique
intégré, spécialisé en oncologie, produits de soins intensifs et de
traitement de la douleur. « L'intérêt est de conserver la cohérence
de notre structure grâce à un rachat par un petit groupe. Ainsi il
n'y a pas de doublons et pas de découpage par domaine, explique son
président et fondateur, Gilles Alberici. OPi atteint une taille
critique nécessaire pour se développer sur des gros marchés et
devenir une entreprise mondiale », continue-t-il. Si le groupe
possède trois filiales commerciales en propre au Royaume-Uni, en
Allemagne et au Canada, il va ouvrir une quatrième structure aux
États-Unis, « logiquement avant la fin de l'année ». « Les forces
de ventes ne seront pas forcément très développées car elles
touchent des secteurs très spécialisés, en milieu hospitalier »,
précise le fondateur d'OPi. De plus, la société compte se renforcer
en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Asie, notamment au Japon.
Elle est déjà présente dans une cinquantaine de pays via des agents
et des distributeurs. Le groupe aura ainsi une envergure mondiale,
mais restera implanté à Lyon où se situe son unique centre de
R&D. Un centre où travaillent actuellement plus de 75
personnes, dont 30 en R&D « et qui recrute près de 20
collaborateurs par an en moyenne ». Des projets de développement de
la R&D sont par ailleurs dans les cartons.
Un portefeuille en fort
développement
L'autre projet
significatif du groupe est de renforcer son portefeuille par
l'acquisition courant 2007 « d'un produit en oncologie, en phase
avancée de développement pour finaliser les recherches et lancer sa
commercialisation », précise le p-dg d'OPi. Le groupe commercialise
deux enzymes en onco-hématologie, Kidrolase (L-asparaginase) et
Erwinase (crisantaspase, L-asparaginase), dont les ventes ont
représenté plus de la moitié du chiffre d'affaires du groupe, qui
s'élève à 18 M€. L'activité de la nouvelle entité devrait bondir
dans les années à venir si l'on considère l'objectif annoncé, à
terme, « d'une valorisation de l'ordre d'un milliard de dollars »,
soit près de 760 M€, et la progression de l'activité du groupe, qui
a bondi de 209 % depuis 2004. Le reste des ventes est généré par
Fomepizole (sulfate de fomepizole), un antidote à
l'éthylène-glycol, et Xenazine (tetrabenazine), traitant certains
mouvements anormaux. Un patch anesthésique provenant du
portefeuille de Talisker Pharma est déjà commercialisé aux
États-Unis sous le nom de Synera. Une AMM a été obtenue en Suède
sous le nom de Rapydan et il devrait être commercialisé
prochainement en Europe. Une autre AMM devrait être déposée courant
2007 pour l'OPM 048, dans le traitement d'une maladie rare, le
syndrome de Lambert-Eaton.
Eusa Pharma a l'intention
de licencier certains de ses produits qui ne sont pas au cœur de sa
R&D, tels deux programmes dans les traitements de la
schizophrénie et de la maladie d'Alzheimer, en phase précoce de
développement. Dans le domaine des anticorps monoclonaux, le
produit le plus avancé, Inolimomab, est développé dans le
traitement de la GVHD (maladie du greffon contre l'hôte dans sa
forme aigüe) et devrait entrer en phase III début 2008. Un
programme visant l'IL-6 avec un anticorps humain développé avec
Vaccinex en onco-hématologie et maladies inflammatoires est
actuellement en phase préclinique. Le groupe cherche également ou
des partenariats ou des accords de licence pour ces
programmes.
C.G.