Du Pont devrait
disposer avant la fin 1999 d'un trésor de guerre supplémentaire
de 15 milliards de dollars, lié à la vente de sa filiale pétrolière
Conoco. La vente de Conoco qui a commencé le 21 octobre par la
mise en bourse de 20% de son capital devrait rapporter à Du Pont
entre 5 et 8Mrds $ (voir également nos informations en p. 4).
L'opération devrait se poursuivre par la cession des 80% restants
au cours du deuxième trimestre 1999. Celle-ci devrait donc
rapporter à Du Pont un total de 15Mrds $ auquel il faut ajouter un
désendettement à hauteur de 5Mrds $. Ce qui laissera Du Pont
"quasiment vierge de dettes", estime Kurt Landgraf,
vice-président du groupe et reponsable des sciences de la vie. Ce
trésor de guerre, doublé d'une forte capacité d'endettement, sera
essentiellement utilisé par Du Pont pour accroître sa présence
dans le secteur des sciences de la vie (santé, biotechnologies
végétales, nutraceutique) et tout particulièrement la
pharmacie. "Nous voulons racheter pour 10 Mrds $ de nos
propres actions, ce qui nous donnera la flexibilité necessaire pour
acheter d'autres entreprises", précise Kurt
Landgraf.
"L'objectif, explique t-il,
est de faire passer la contribution aux résultats des sciences de
la vie de 20% aujourd'hui à 35% en 2002 et à 50% en 2010".
L'essentiel des efforts du groupe portera sur un développement des
biotechnologies. "Nous sommes en avance dans le domaine agricole
ou nous avons travaillé pendant 10 ans pour comprendre la génomique
des semences", estime le patron des sciences de la vie. Du Pont
a également mis les bouchées doubles dans ce domaine avec
l'acquisition de 20% de Pioneer Hi-Breed, numéro un mondial des
semences hybrides, et de Proteins Technologies International (PTI).
L'an dernier, Du Pont a réalisé dans le secteur des produits pour
l'agriculture et des biotechnologies végétales (avant l'acquisition
de PTI et d'une partie de Pioneer) un chiffre d'affaires de 2,5Mrds
$.
En revanche, le groupe n'a pas atteint une
taille critique dans la pharmacie malgrè le rachat, pour 2,6Mrds $,
de la part de Merck dans leur joint-venture commune. Avec un
chiffre d'affaires de 1,3Mrd $, Du Pont ne fait pas partie des
vingt-cinq premiers de la pharmacie mondiale. Le profil des
acquisitions potentielles est déjà ciblé : "notre plus grand
besoin concerne une entreprise bien implantée en Europe et qui ait
des capacités de recherche et développement en synergie avec les
notres", indique Kurt Landgraf. Le candidat potentiel devra
ainsi avoir une présence dans au moins un des trois domaines
thérapeutiques sur lesquels Du Pont se concentre :
cardio-vasculaire, système nerveux central et virologie.
L'objectif du groupe est de racheter "une série de petites
entreprises" plutôt qu'un gros laboratoire dont le prix élevé
"aurait un effet dilutif sur notre bénéfice par action",
explique Kurt Landgraf. Du Pont est également interessé par "de
nouvelles capacités en chimie combinatoire et dans les catalogues
de gènes".
Parallèlement à cette recherche d'acquisitions,
Du Pont mise aussi sur la croissance interne. Le groupe investit
aujourd'hui dans les sciences de la vie plus d'1Mrd$ en recherche
et développement (350M$ en pharmacie, 350M$ en agriculture et
300M$ dans les matériaux). Quelques produits sont ainsi en voie de
commercialisation. Ainsi le Sustiva, un inhibiteur de la
transcriptase inverse pour le traitement du sida dont les
ventes pourraient atteindre 700M$ à 1Mrd $ par an, vient d'obtenir
le feu vert des autorités américaines. Ce produit qui devrait être
autorisé en Europe l'an prochain est déjà disponible en France dans
le cadre d'une autorisation temporaire d'utilisation.
L'isoflavone, un extrait du soja mis au point par PTI et
déja commercialisée aux états-Unis sous le nom de Supro permet de
réduire le taux de cholestérol ainsi que les risques de cancer du
sein. Dans le domaine de la nutraceutique, DuPont a un projet de
lancement de soja à haute teneur en acide oléique. n
Stratégie/Du Pont à la recherche d'opportunités dans la pharmacie
Nous vous recommandons

Chloroquine/Covid-19 : « Je plaide pour son utilisation immédiate, très large, mais sous condition »
Créateur du Genopole d'Evry, qu'il a dirigé de 1998 à 2017, Pierre Tambourin nous livre ses réflexions sur l'utilisation de l'hydroxychloroquine dans la traitement du Covid-19. La pandémie de[…]
