En commentant les
résultats 1998 de son groupe (CA 98 :
43,7 Mrds DM -16 %, bénéfice avant impôt
: 3103 M DM, -2 % et résultat net :
1895 M DM, + 41 %), Jürgen Dormann a
plusieurs fois marqué son agacement devant les nombreuses questions
concernant les modalités de l'accélération annoncée de la fusion
avec Rhône-Poulenc et de la cession (ou de la scission) de ses
activités chimiques. Rien n'a donc été dévoilé, ni sur les raisons
de cette décision, prise pour satisfaire l'actionnaire koweïtien
qui ne souhaitait pas attendre 2001 pour pouvoir
éventuellement se défaire de sa participation de 24,5 %, ni
sur les modalités de sortie des activités chimiques. Une seule
certitude : l'attribution à tous les actionnaires de
Hoechst, de titres d'un nouvel ensemble Celanese-Ticona annoncée
cet automne n'est plus à l'ordre du jour et une nouvelle formule
devra être trouvée. Elle sera définie à l'occasion d'une
réunion du conseil de surveillance fin avril /début mai et soumise
aux actionnaires à l'occasion d'une assemblée générale
extraordinaire qui devrait se réunir en juin ou juillet.
Parallèlement, le sujet a été retiré de l'ordre du jour de
l'assemblée générale ordinaire du 4 mai prochain. Il est vrai
que cette accélération " soulève évidemment quelques
problèmes, que nous réglerons en commun avec Rhône-Poulenc dans les
quatre à six semaines à venir " a reconnu J. Dormann.
Pour ce qui concerne les secteurs chimiques, " il
existe, a-t-il précisé, toute une série d'options permettant
de gérer nos activités indépendamment d'Aventis et d'en garantir la
valeur pour nos actionnaires " notamment " des
instruments tels que les dividendes exceptionnels ou le rachat
d'actions ". C'est d'ailleurs dans cette optique que se
place probablement le programme de rachat de ses propres actions
à hauteur de 10 % du capital pour un montant d'environ
4,84 Mrds DM, qui sera soumis à l'assemblée générale du
4 mai. Opération rendue possible par la mise en place
d'une nouvelle réglementation allemande en mai 1998. D'autre
part, c'est pour faciliter une gestion plus individualisée des
titres Hoechst que sera proposée à la prochaine assemblée
générale, l'absorption par Hoechst AG du holding Frankfurter
Gesellschaft für Chemiewerte qui gère 10,2 % du capital du
groupe possédé par 18 banques, institutions financières et
compagnies d'assurances menées par la Dresdner Bank. Fiscalement
neutre, cette opération va se traduire par la redistribution des
titres Hoechst à ses propriétaires qui les géreront désormais en
direct.
En ce qui concerne la création d'Aventis " les derniers
événements s'avèrent bien moins dramatiques qu'ils ont peut-être pu
le paraître " a affirmé J. Dormann estimant que
" le projet Aventis est sur la bonne voie et avance
rapidement ". Environ 600 cadres sont d'ores et déjà
nommés et les 240 groupes de travail formés dans les branches
Pharmacie et Agriculture pour définir les modalités de fusion, les
structures, les missions et les objectifs, vont déposer leurs
projets à la fin du mois de juin.
Optimisme aussi en ce qui concerne l'exercice en cours.
En 1999, les sciences de la vie devraient en effet enregistrer
une croissance à deux chiffres de leurs résultats, a pronostiqué
J. Dormann. En revanche, dans les activités industrielles, les
perspectives restent empreintes de pessimisme. La progression
attendue des résultats de Messer (66 % Hoechst), dont les
modalités de cession font l'objet de discussions avec la famille
Messer, qui entend conserver ses 33 % de l'affaire, ne suffira
pas à compenser la nouvelle et forte dégradation des performances
de Celanese après une année 1998 déjà particulièrement
médiocre. Les discussions sont également en cours avec la famille
Wacker qui détient 50 % de Wacker Chemie dont les
résultats 1998 ont été pénalisés par la crise des
semi-conducteurs. Ses résultats, pas plus que ceux de Targor le
joint-venture 50/50 avec BASF dans le polypropylène, ni bien
entendu ceux de Clariant dont Hoechst détient 45 % ne sont
évidemment consolidés dans les comptes du groupe de Francfort.
L'amélioration attendue pour 1999 est d'autant plus
nécessaire qu'en 1998, les résultats opérationnels se sont
encore dégradés pour HMR (pour la troisième année consécutive),
ainsi que pour Hoechst Roussel Vet (qui reste cependant une
affaire très rentable, mais ne sera pas reprise dans Aventis),
Celanese et Ticona (également pour la troisième année
consécutive). Ils se sont au contraire améliorés pour AgrEvo
(60/40 Hoechst-Schering), Messer et les activités
cédées : Polyesters (ex-Trevira) et
Herberts.
En dépit des difficultés de HMR liées à la montée en puissance
de la concurrence des génériques contre son produit vedette le
Cardizem, le pôle pharmacie de Hoechst devrait en effet améliorer
fortement ses résultats cette année grâce à une baisse des
provisions pour restructurations et à la forte progression de
l'Allegra (fexofenadine), de l'antihypertenseur Delix
(ramipril) et du décollage des ventes de l'antidiabétique
Amaryl (glimepiride) et de l'Arava (leflunomide),
seul traitement actuellement disponible contre les symptômes de
l'arthrite rhumatoïde. La plupart des autres produits devraient
voir leurs ventes baisser. D'où l'intérêt de la création d'Aventis
qui permettra d'adjoindre à l'ensemble le Lovenox et le
Taxotere, les deux produits vedettes de Rhône-Poulenc. La
complémentarité entre le pipe line actuel de HMR et les projets à
plus longue échéance de Rhône-Poulenc permettant d'être optimiste
pour l'avenir d'Aventis tant sur le moyen que sur le long terme. Le
nouveau groupe devrait détenir 4,6 % du marché pharmaceutique
mondial, presque à égalité avec l'américain Merck.
Optimisme également en ce qui concerne AgrEvo et son intégration
dans Aventis Crop Science (dont Schering détiendra 24 %) et
qui devrait contrôler 15 % du marché mondial de l'agrochimie
avec une forte synergie entre les produits de Rhône-Poulenc Agro
(insecticide Regent et fongicide Balance) et les
biotechnologies végétales d'AgrEvo avec les couples Liberty
Link (herbicide total - semences génétiquement modifiées
résistantes).
Si tout va bien, et J. Dormann affiche à ce sujet une confiance
absolue, l'exercice 1999 sera aussi le dernier sous le nom
plus que centenaire de Hoechst, qui ne se perpétuera plus que dans
celui du faubourg de Francfort (Höchst) où le groupe a pris
naissance et dans celui du Parc industriel Hoechst,
nouvellement créé pour attirer les investisseurs. n A Francfort,
D.S.
Résultats/Hoechst : croissance à deux chiffres en 1999 pour les sciences de la vie et accélération de la création d'Aventis
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