" Pendant les trois ans à venir nous allons
connaître de grands changements et un nouveau rééquilibrage de nos
activités " explique Jean Faure, le p-dg de SNPE. Dans
trois ans, le groupe devrait en effet réaliser environ
8 Mrds F de CA (contre 5,5 Mrds F en 2000), se
répartissant entre la chimie fine (3 Mrds F, contre
2 Mrds F en 2000), le secteur Défense/Espace
(Chimie hebdo n°113, p.9) et activités annexes
(2 Mrds F, représentant la moitié du CA d'Herakles,
la future filiale commune avec Snecma, contre 1,6 Mrd F
en 2000) et 3 Mrds F (contre 1,9 Mrd F) dans
ce que Jean Faure considère comme " la base de la chimie de
SNPE ", comprenant les nitrocelluloses, où le groupe
est leader mondial avec plus de 30 % de part de marché, les
intermédiaires chimiques (essentiellement issus de la chimie du
phosgène) et les explosifs industriels. Un rééquilibrage qui prend
aussi en compte la volonté de SNPE, et de son actionnaire l'Etat,
de prendre part à la restructuration, trop longtemps différée, de
l'industrie européenne de la propulsion civile et militaire et des
matériaux énergétiques.
À l'heure où le programme Ariane 5 monte en puissance et où
le M51 le futur missile balistique destiné à remplacer en 2008 le
M45 embarqué par les sous-marins nucléaires de la force stratégique
est mis en chantier, il était nécessaire de réunir les acteurs de
la propulsion dans une structure plus simple et plus
opérationnelle.
Approuvé à la mi-décembre par les autorités de tutelle, le
projet de mise en commun de toutes les activités propulsion de SNPE
et de Snecma dans une filiale commune 50/50, baptisée probablement
Herakles, va précisément dans ce sens. Avec plus de
3 Mrds F de CA, ce nouvel ensemble serait le premier
européen et se situerait au deuxième rang mondial de ce secteur
devant Alliant Techsystems (ex-Hercules) et juste derrière Thiokol
Propulsion (filiale de Cordant Technologies, racheté cette année
par le groupe Alcoa) qui pèse environ 4 Mrds F de CA et
dont le producteur d'aluminium américain, qui dans cette
acquisition n'était intéressé que par les pales de turbines
d'Howmet, pourrait se défaire dans un proche avenir.
Les activités incluses dans la future filiale commune
comprendront, la propulsion spatiale avec Regulus (60 %
Fiat Avio, 40 % SNPE) et Europropulsion (filiale 50/50 entre
Fiat Avio et Snecma), la propulsion stratégique avec G2P où
SNPE et Snecma sont déjà à parité, la propulsion tactique avec
Celerg (50/50 EADS, SNPE) et une activité mineure chez Snecma,
les poudres et explosifs de SNPE, avec une partie des sites
de Bergerac et de Sorgues, les pyromécanismes avec
Pyroalliance (85 % SNPE), les propergols pour la
sécurité automobile, un marché en forte croissance, et les
matériaux composites hautes performances de Structil (où
SNPE est associé à Mitsubishi) ainsi que les matériaux
tridimensionnels densifiés de Snecma produits sur le site du
Haillon près de Bordeaux. " Les matériaux énergétiques
constituent un tout et il y a de très fortes synergies entre ces
activités à cause de leur tronc chimique commun " explique
Jean Faure.
À travers Herakles, SNPE participera aussi à la restructuration
de l'industrie européenne des missiles avec la mise en place d'un
"New Celerg" dont MBDA le futur missilier européen (37,5 %
EADS, 37,5 % BAe Systems, 25 % Finmeccanica) détiendra 50 %
aux côtés d'Herakles. " C'est avec les Britanniques que les
discussions sont les plus avancées " a précisé Jean Faure.
Dans un deuxième temps, les Allemands devraient rejoindre le
système. De même dans les poudres et explosifs classiques, Herakles
devrait détenir 35,5 % d'un nouvel ensemble européen baptisé
Peco (Poudres et Explosifs Co.) où Rheinmetall aura également
35,5 % et le suisse Ruag 29 %. Si ces opérations
apparaissent particulièrement complexes, les chances d'aboutir
semblent cette fois sérieuses, d'autant que la création d'Herakles
n'est pas formellement liée à l'avancement des diverses
négociations au plan européen.
En tout cas, l'objectif est de mettre en place la nouvelle
structure commune d'ici le milieu de 2001. En contrepartie, l'État
s'est engagé à augmenter le capital de SNPE " d'un
montant de plusieurs centaines de millions de francs, pour assurer
son développement dans la chimie fine et les matériaux énergétiques
", estime le président de SNPE pour qui le chiffre d'au
moins 500 MF est souhaitable. " Depuis la
contribution de 300 MF au début 1993, ce sera,
précise-t-il, la deuxième fois que l'Etat actionnaire augmentera
notre capital. "
Même si sa rentabilité laisse encore à désirer, SNPE a en effet
régulièrement gagné de l'argent et continué d'investir sauf au
moment des restructurations liées à la crise du militaire. Avec
un CA stable à 5,5 Mrds F et un bénéfice net de 40 à
50 MF (contre 171 MF en 1999), très inférieur aux
prévisions qui tablaient sur plus de 150 MF de résultat net,
l'exercice 2000 sera toutefois décevant. Plusieurs éléments
sont à l'origine de cette contre-performance : le
renchérissement des matières premières et de l'énergie, la
faiblesse persistante des activités défense, l'annulation de
150 MF de commandes à Isochem dans le domaine des
antiprotéases (pour la trithérapie anti-HIV) en raison d'une
mauvaise tolérance aux traitements, l'arrêt du Butam, un produit
phytosanitaire en fin de vie, un accident sur une colonne de
récupération d'acides qui a perturbé la production du nitrate
d'éthyle hexyle (un additif pour carburants Diesel) et le retard au
démarrage de l'unité de phosgénation de LaPorte (Texas) en raison
de défauts sur des échangeurs en carbone liés à " un
problème culturel " avec l'ingénierie de Dow Chemical qui
a réalisé l'installation. " En revanche, la mise en service
de l'atelier de phosgénation GMP d'Isochem à Toulouse, s'est
déroulée parfaitement " a souligné Bernard Rivière,
directeur général du groupe.
Propulsion/Chimie fine/Avec la création d'Herakles, SNPE procède à un rééquilibrage de ses activités
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02/02/2009
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