Les chroniques de Gilbert Lippmann - président de Proconseil
Existe-t-il un processus plus emblématique de l'industrie pharmaceutique que celui de la libération des lots ? J'animais dernièrement un groupe de travail réunissant des laboratoires sur ce thème et leur étonnement fut grand de constater que sur les 15 entreprises présentes, pour des formes galéniques assez voisines, le délai de libération - de la dernière boîte fabriquée à la libération du lot - variait de façon incroyable... de 54 à 2 jours !
A y regarder de près, la posture de la Qualité au sein de l'entreprise s'avère être l'élément différenciant.
Dans le cas extrême d'un délai de 54 jours, le libérateur considère que le processus de libération commence seulement à partir du moment où la production lui livre un lot et ses dossiers. Il positionne ainsi son action postérieurement à la fabrication. Tout reste donc à faire et chaque enquête s'avère délicate car éloignée du moment où la déviation a eu lieu.
A l'autre extrême, pour atteindre les 2 jours voire la journée, le libérateur considère que le processus débute au contraire dès l'arrivée des matières premières et progresse au rythme du flux. Tout doit donc être pensé et structuré en amont avec les autres métiers du Laboratoire (production, logistique, contrôle qualité) pour rendre les dossiers simples, clairs et faciles à renseigner afin de permettre un juste contrôle. En délégant ses représentants auprès de la production et dans leur rythme de travail, le libérateur facilite et raccourcit le travail d'enquête réalisé en temps réel. Il organise également le parcours des dossiers afin d'en assurer un regroupement rapide...
Le délai de libération n'est donc pas qu'un simple indicateur de performance car le réduire de 54 à 2 jours implique un bouleversement total de l'organisation du Laboratoire et de sa culture. Responsabilité, Lean, proximité, parallélisations, confiance sont les mots clés qui vont permettre à ce merveilleux instrument de mesurer les progrès globaux du système de production d'un Laboratoire.
Par ailleurs, il devrait être le cheval de bataille de tout directeur financier. Supporter un délai de 54 jours ne signifie-t-il pas un alourdissement du BFR d'environ 2 mois de coût d'exploitation ? !
Messieurs les dirigeants des laboratoires, criez donc tous en cœur : Libérez les lots ! ...
Le délai de libération n'est pas qu'un simple indicateur de performance.