
Urodelia développe une stratégie vaccinale en oncologie, qui s'appuie sur une poudre
d'hydroxyapatite. Sa filiale, Biopowders, lance la production de cette poudre ce mois-ci.
Urodelia développe une
stratégie vaccinale en oncologie, qui s'appuie sur une
poudre
d'hydroxyapatite. Sa
filiale, Biopowders, lance la production de cette poudre ce
mois-ci.
L'aventure d'Urodelia
débute le 21 septembre 2001, lors de l'explosion d'AZF. L'accident
a provoqué la destruction de la quasi-totalité des locaux de la
société Bioland, créée en 1989 et appartenant d'abord au groupe
Landanger puis à la multinationale Johnson & Johnson.
L'explosion a marqué la fin de cette société spécialisée dans
l'utilisation des revêtements de couches fines de phosphate de
calcium sur les pièces métalliques de prothèses articulaires. Deux
membres créateurs de Bioland, Nicole Rouquet et Patrick Frayssinet,
décident alors de fonder la société de recherche et de
développement Urodelia, qui compte aujourd'hui cinq personnes. « À
la création de Bioland en 1989, nous avons fait l'énorme erreur de
ne pas protéger nos activités par des brevets. Alors que plusieurs
sociétés se sont largement inspirées de nos technologies, nous
avons décidé, avec Patrick, de nous focaliser sur de nouvelles
applications dans l'oncologie », explique Nicole Rouquet. C'est la
naissance d'Urodelia, jeune société créée en 2003 et qui possède
aujourd'hui trois brevets dans le domaine. « Le premier protège nos
vaccins anti-cancéreux en développement. Celui dans le traitement
du gliome entre en essai clinique de phase II en France », se
réjouit la dirigeante. Pour cela, l'Oséo a accordé un financement
de 600 000 euros. Parallèlement, « nous sommes en train de créer un
laboratoire pharmaceutique en Uruguay pour le lancement d'une phase
II,
cette fois-ci dans le
traitement du mélanome ». Pourquoi l'Amérique latine ? Le brevet a
été mis en place avec un médecin argentin. « Les travaux du
laboratoire devraient débuter en juin prochain pour un lancement en
septembre », ajoute-elle. Par ailleurs, l'Agence nationale de
l'innovation uruguayenne devrait accorder 400 000 euros au
projet.
La stratégie
vaccinale d'Urodelia repose sur la sélection de marqueurs
protéiques spécifiques de tumeurs solides qui seront ensuite
concentrés puis purifiés, à partir d'une biopsie. C'est à l'étape
de purification qu'intervient l'hydroxyapatite (HAP). Ces marqueurs
sont les heat shock proteins (protéines du choc thermique). Une
fois les marqueurs sélectionnés, ils serviront d'antigènes
vaccinaux. Ces protéines sont ensuite de nouveau présentées au même
patient, provoquant une réaction du système
immunitaire.
Une nouvelle levée de
fonds
de 500 000 euros pour
2009
Urodelia possède deux
autres brevets dans le domaine de la cancérologie. L'un concerne
l'utilisation des céramiques phosphocalciques pour le transfert de
gène et l'autre des nanoparticules ferromagnétiques avec l'HAP pour
le traitement local des métastases osseuses. Ces particules ciblent
les métastases et les pénètrent. Puis, le patient est placé dans un
champ magnétique à haute fréquence qui active la destruction des
cellules chargées. « Nous cherchons soit à vendre nos licences sur
ces technologies, soit à trouver des partenaires pour leur
codéveloppement. De quoi alimenter le financement du développement
de nos vaccins », explique Nicole Rouquet. Une deuxième levée de
fonds de 500 000 euros auprès des actionnaires historiques
complétera le budget. « Nous financerons prioritairement les essais
en Uruguay, puis ceux menés en France. En parallèle, nous explorons
d'autres indications dans les cancers orphelins », annonce-elle
avec enthousiasme.
Avec deux essais de
phase II et des stratégies thérapeutiques innovantes, Urodelia a
parallèlement assuré ses approvisionnements en phosphate de calcium
et plus particulièrement en HAP. « Alors que le procédé de synthèse
chimique de l'hydroxyapatite n'est protégé par aucun
bre
vet et que la
technologie est utilisée depuis plus de vingt ans, le procédé
repose sur un réel savoir-faire que détenait Bioland et que détient
aujourd'hui Biopowders », explique Nicolas Poddevin, développeur
chez Urodelia et aujourd'hui détaché à 80 % pour la filiale de
production. Créé en juin 2008, Biopowders est détenu à 51 % par TLS
Terolab Surface Holding (société fondée en 1998 et spécialisée dans
le revêtement par projection thermique d'implants médicaux) et à 49
% par Urodelia. « Malgré la concurrence, Biopowders se démarque par
la qualité de sa production. Tous ne fournissent pas une poudre de
qualité pharmaceutique », explique Nicolas Poddevin. Avec des
besoins moyens d'environ 2 tonnes par an d'HAP, TLS Terolab
s'approvisionnait jusque-là exclusivement chez un fournisseur
japonais. Ainsi, TLS a transféré cette exclusivité à Biopowders. La
jeune société, installée depuis décembre sur le site de la SNPE à
Toulouse, lance sa production ce mois-ci. « Nous serons en mesure
de fournir 1,5 t/an dès la fin de l'été. Et nous avons les
ressources permettant de passer à 3 ou
3,5 tonnes dans les
deux à trois ans à venir », ajoute Nicolas Poddevin, aujourd'hui
directeur du site de Biopowders. Parmi les perspectives, Biopowders
espère doubler son effectif d'ici deux à trois ans, en fonction du
nombre de contrats avec de nouveaux clients. « Le marché étant
relativement petit, nous sommes déjà en contact avec un certain
nombre d'entreprises », conclut-il plein d'espoirs.
Juliette
Badina
Finances d'Urodelia
? 420 000 € : 1ère levée de fonds en 2008
auprès des actionnaires historiques
? 600 000 € : aide de l'Oséo
? 400 000 € : demande en cours auprès de
l'Agence nationale de l'innovation en Uruguay