Le groupe
pharmaceutique français Pierre Fabre vient de se donner un
vice-président, Jean-Luc Bélingard, qui s'est engagé à assurer
la pérennité et l'indépendance de l'entreprise familiale dans un
secteur en pleine ébullition. M. Bélingard, 50 ans, s'est fixé
trois objectifs : accentuer l'internationalisation du
groupe, améliorer sa rentabilité (et notamment sortir du rouge la
branche médicaments) et reconquérir des parts de marché, selon
des déclarations faites depuis son arrivée dans le groupe, toujours
présidé par son fondateur Pierre Fabre, 72 ans. Mais il a
exclu tout mariage du groupe basé à Castres (Tarn) avec d'autres
partenaires, notamment le suisse Roche dont il dirigeait
précédemment la division diagnostics.
Les laboratoires indépendants français voient globalement leur
position se fragiliser sur un marché qui s'essouffle, sous l'effet
notamment d'une vigoureuse politique de maîtrise des dépenses de
santé. La plupart dépendent d'un ou de deux produits principaux et
ont une capacité de riposte limitée face à une "agression"
extérieure. Selon une récente étude d'Eurostaf, les
soixante-quatre laboratoires français indépendants -dont Pierre
Fabre est le second derrière Servier- souffrent d'un manque de
spécialités innovantes. La moitié de leurs recettes proviennent de
spécialités commercialisées avant 1980 et, en conséquence,
leur part du marché français (21 % en 1997) recule. En
outre, précise Eurostaf, 90 % de l'activité de ces
laboratoires indépendants repose sur des produits remboursables, ce
qui les fragilise en période de réduction des dépenses
publiques.
Ainsi Fabre a été secoué en 1998 par le déremboursement
brutal par l'assurance maladie de deux produits phares : le
Maxepa et le Ribomunyl, représentant un manque à gagner de plus de
150 millions de francs. En outre, une demande
d'information supplémentaire a retardé, sans doute pour
plusieurs années, la mise sur le marché international de son
antidépresseur Ixel. Ses comptes ont été par ailleurs affectés
par l'augmentation de la taxe sur la publicité et une contribution
"exceptionnelle" infligée par l'Etat à l'industrie pharmaceutique
pour équilibrer les comptes de la Sécurité Sociale.
Pour faire face à ces imprévus, il a annoncé en 1998 une
réduction de 179 salariés de ses effectifs dans la pharmacie.
Il ne compte pas aller plus loin en 1999. En 1998, le
groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 8,8 milliards de
francs (1,34 Mrd d'euros), dont 3,2 Mrds dans la
pharmacie, 2,25 Mrds dans la dermocosmétique et
1 Mrd dans la phytothérapie et l'homéopathie, un
secteur qu'il a décidé de développer en prenant le contrôle de
Dolisos, deuxième laboratoire homéopathique français derrière
Boiron.
Jean-Luc Bélingard, qui ne croit pas au seul effet
" taille " donné par les alliances, estime que Fabre peut
développer sa pharmacie seul, grâce à l'innovation et par la
reconquête de parts de marché. Le groupe dispose de 9 molécules
à différents stades de développement, notamment dans les
maladies cardio-vasculaires, le traitement du cancer et des
pathologies du système nerveux central. Cependant, il n'attend
pas avant 2001 les premières retombées commerciales de cette
recherche qui lui coûte cher. Le centre de recherche de
Péraudel, près de Castres, compte 200 collaborateurs, dont
70 scientifiques.
Le nouveau " vice-patron " du groupe compte, par
ailleurs, faire appel plus systématiquement à des partenariats et
alliances et n'exclut pas d'ouvrir le capital du groupe ou de
l'introduire en Bourse.
L'autre axe de travail de Jean-Luc Bélingard est l'amélioration
de la productivité de l'entreprise, dont la profitabilité reste
faible. Il table pour les prochaines années sur un retour sur
capitaux engagés de 15 %, un objectif financier ambitieux dans
la moyenne mondiale. n
Pharmacie/Pierre Fabre : un indépendant qui résiste aux fusions
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