La
première chambre civile du tribunal de grande instance de Nanterre
a condamné les laboratoires Servier à dédommager une femme atteinte
d'une grave maladie qu'elle attribue à l'isoméride, un
coupe-faim autrefois commercialisé par le groupe
pharmaceutique.
Le tribunal condamne Servier à payer une somme de plus de
2,5 millions de francs de dommages et intérêts à la victime,
et plus de 1,3 MF aux organismes de Sécurité sociale ayant
pris en charge ses frais de maladie.
Dans son jugement, le tribunal " déclare la société des
laboratoires Servier responsable des conséquences dommageables
subies par Mme Fereira-Paulos à raison de l'hypertension artérielle
pulmonaire (HTPA) diagnostiquée en mai 1994 à la suite de
l'ingestion du médicament isoméride ". " Je suis
soulagée, je pense que justice a été faite. C'est tout ce que je
demandais ", a déclaré la plaignante, à l'issue du
jugement.
Pour son avocat, cette décision de justice
" est une victoire merveilleuse " qui conduira
peut-être " des dizaines de familles victimes de
l'isoméride à chercher à obtenir des dédommagements
équitables ". " J'ai toujours trouvé les
laboratoires Servier méprisants envers les victimes ",
a-t-il ajouté, estimant que 200 à 300 femmes seraient
décédées en France d'hypertension artérielle pulmonaire après avoir
consommé de l'isoméride. Au total, ce sont sept millions de
françaises qui ont pris ce coupe-faim.
Lors de l'audience, la défense de Servier avait minutieusement
décortiqué le dossier d'Anna Paulos pour tenter de démontrer
qu'elle n'avait pas pris le médicament durant trois ans mais
seulement pendant deux mois. Or, " la causalité entre le
produit et la maladie HTPA n'est significative qu'à partir de trois
mois de traitement ", avait soutenu l'avocat de la
défense.
Néanmoins, ce procès pourrait constituer un précédent dangereux
pour la santé financière du laboratoire pharmaceutique. Une
association d'aide aux victimes de l'isoméride (AVI), vient d'être
créée à Bordeaux, a indiqué le docteur Dominique-Michel
Courtois, directeur de l'AVI. Dans un premier temps, une dizaine
d'experts médicaux seront chargés de recenser les victimes.
Pour leur indemnisation " nous prendrons ensuite
contact avec le laboratoire Servier ou si nous ne trouvons pas un
terrain d'entente, nous intenterons des procédures
individuelles ", a précisé M. Courtois. Egalement
président de l'Association d'aide aux victimes d'accidents
corporels (AAVAC), il a décidé la création de l'AVI après avoir
reçu un certain nombre de dossiers médicaux liés à l'isoméride qui
lui ont permis de réaliser " les problèmes graves et
gravissimes " engendrés par ce coupe-faim. Jusqu'à
présent, l'AVI a reçu dix-huit dossiers présentant une relation
" quasi-certaine " entre la prise de l'Isoméride
et l'état de santé du malade.
L'isoméride, anorexigène, a été retiré de la vente en France en
1997, et le groupe américain American Home Products, qui en
détient les droits de commercialisation aux Etats-Unis, doit de son
côté verser 3,75 milliards de dollars aux personnes ayant
consommé le produit de Servier, afin d'éviter une action en
justice de ceux-ci.
Pharmacie/Les laboratoires Servier condamnés à dédommager une victime de l'isoméride
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