Le Viagra, la
petite pilule bleue pour stimuler l'érection masculine, a fait
pousser des ailes à son inventeur, l'américain Pfizer, qui vient de
fêter ses 150 ans et ambitionne de jouer les premiers rôles
dans la pharmacie mondiale. Malgré deux déboires récents :
la suspension en Europe de l'antibiotique Trovan et le rejet du
Zeldox (schizophrénie) pour complément d'information par la Food
and Drug Administration (FDA), d'une part, et la décision de
Londres de limiter les remboursements du Viagra, d'autre part,
Pfizer continue de croire en son étoile.
Longtemps considéré comme un canard boîteux destiné à tomber
dans la corbeille d'un géant de la pharmacie, Pfizer a été élu
" meilleur groupe de l'année 1999 " par Forbes, et a
eu droit à la couverture de Fortune comme " le plus
admiré des groupes pharmaceutiques " en 1998.
En moins de deux ans à fin 1999, le Viagra aura réalisé un
chiffre d'affaires de 1,4 milliard de dollars dans le monde
(100 MF en France), après avoir étrenné son premier
milliard de dollars un an après son lancement en avril dernier.
Après l'Europe, la petite pilule vient d'être admise au Japon et en
Chine. Mais dans ce pays, sa publicité sera strictement limitée au
bouche à oreille.
Pfizer a ainsi réalisé en 1998, un chiffre d'affaires de
13,5 Mrds $ et un bénéfice net de 3,5 Mrds $.
Il est sur une pente de 15 Mrds $ déjà
pour 1999. Hors Viagra, Pfizer dispose d'un portefeuille
comportant au moins quatre blockbusters affichant un
potentiel commercial d'un milliard de dollars au moins: Norvasc
(hypertension), Zoloft (dépression), Zithromax (infections) et le
Tikosyn (cardiovasculaire), qui sera commercialisé avant la fin de
l'année. Son pipeline de recherche est riche de quelque
70 molécules à des phases avancées, dont une dizaine sont
destinées à devenir des blockbusters, avec des ventes
totalisant plus de 10 Mrds $/an, estiment des analystes.
La plupart de ses brevets vont au-delà de 2005.
Pfizer, qui aura investi 2,9 Mrds $ fin 1999 dans la
recherche et développement contre 2,2 Mrds $ un an plus
tôt, a mis sur le marché six nouvelles molécules au cours des trois
dernières années et est ainsi passé aux Etats-Unis du
quatrième rang au second (derrière Merck). Deux domaines
thérapeutiques mobilisent sa recherche : le cancer et les maladies
liées au vieillissement. Ce marché solvable est en progression très
rapide : 320 millions de plus de 65 ans en 1990 et
près de 800 millions en 2025.
" L'addition des faiblesses ne fait pas une
force ", répète son président William C. Steere, qui fonde
ses espoirs sur sa croissance interne plutôt que sur les fusions.
Entré en 1986 chez Pfizer, W. Steere s'est hissé à sa tête
en 1991, y faisant prévaloir l'approche marketing. Doté de
la force de vente la plus nombreuse du secteur
(5000 commerciaux), Pfizer a ainsi signé des accords de
comarketing pour trois blockbusters :
l'anti-cholestérol Lipitor de Warner Lambert, Aricept, un
traitement contre l'Alzheimer mis au point par le japonais Eisai,
et le nouvel antalgique Celebrex de Searle.
Principale faiblesse du groupe : sa présence européenne où il ne
détient que 3,1 % du marché, à la huitième place. Pfizer qui
veut figurer parmi les cinq premiers européens en l'an 2000,
vient d'achever un important programme d'investissements à Amboise
(Indre-et-Loire) ainsi qu'à Illertissen (Allemagne) et Latina
(Italie).
Pharmacie/Le Viagra donne des ailes à Pfizer
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