Les grands pharmaciens de ce monde sont dans le
collimateur de la Federal Trade Commission (FTC)
américaine. C'est ce que révèle le quotidien américain The Wall
Street Journal (9 mars 1999) à propos de l'enquête de
la FTC portant sur les pratiques déloyales qu'utiliseraient
les grands groupes pharmaceutiques dans la compétition des
génériques tendant à étouffer toute concurrence.
La FTC s'est penchée dans son enquête sur des
grands noms de l'industrie pharmaceutique -Eli Lilly, Du Pont,
Abott Laboratories et Hoechst- qui sont soupçonnés de mettre tout
en ?uvre pour prolonger la durée de vie de certains de leurs
produits phares alors que ceux-ci ont atteint la date d'expiration
des brevets et sont proches de tomber dans le domaine public. Parmi
ces pratiques, des accords passés entre ces groupes et des firmes
concurrentes consistant à éliminer les produits génériques du
marché moyennant une somme d'argent versée aux firmes productrices
de ces génériques ou sous forme d'achats de licences. L'objectif
étant d'éliminer un produit concurrent moins cher mais aussi de
discréditer le marché des génériques.
Ainsi, est mis en doute l'accord passé en
décembre dernier entre Eli Lilly et Sepracor Inc.
portant sur l'acquisition par Eli Lilly d'une forme purifiée du
Prozac, permettant ainsi à Eli Lilly de conforter sa position
dominante sur le marché des antidépresseurs pour environ une
quinzaine d'années.
Du Pont et son anticoagulant
Coumadin fait également l'objet d'une mise en observation
par la FTC : le groupe est soupçonné d'avoir sapé la
concurrence en affirmant que les génériques disponibles n'étaient
non seulement pas équivalents mais présentaient, de plus, des
risques notables d'effets secondaires indésirables. Du Pont
est également soupçonné d'avoir versé certaines sommes d'argent à
la concurrence.
Dans un autre genre, Abbott Laboratories
aurait payé la société Ivax Corporation afin de l'inciter à
retarder le lancement d'un produit générique concurrent de son
produit Hytrin destiné au traitement de la prostate. De la même
façon, une transaction financière aurait eu lieu avec Novartis
AG. Les trois sociétés ont d'ailleurs été portées en justice
pour violation des lois antitrusts par la cour fédérale de
Miami.
De la même façon, Hoechst se serait
entendu avec la société Andrx Corp afin de s'accaparer la
version conçue par Andrx de son médicament pour le coeur, la
Cardizem CD. Hoechst aurait pour cela versé 40 M$ à
Andrx. Un soupçon qui pèse lourd au moment où le groupe allemand se
débat pour finaliser sa fusion avec Rhône-Poulenc et donner
naissance à Aventis.
Mais que les grands groupes se rassurent, les
firmes productrices de génériques sont elles aussi placées sous
haute surveillance. La FTC estime effectivement que celles-ci
pratiquent trop souvent une stratégie agressive sur le plan des
prix et tendent à agir comme les grandes firmes pour éliminer leurs
propres concurrents. Ainsi, la FTC a épinglé la deuxième plus
grande société de génériques américaine, Mylan Laboratories Inc.,
pour des pratiques compétitives illégales. n
Pharmacie/La FTC accuse les grands groupes pharmaceutiques de tricher dans les génériques
Nous vous recommandons

Chloroquine/Covid-19 : « Je plaide pour son utilisation immédiate, très large, mais sous condition »
Créateur du Genopole d'Evry, qu'il a dirigé de 1998 à 2017, Pierre Tambourin nous livre ses réflexions sur l'utilisation de l'hydroxychloroquine dans la traitement du Covid-19. La pandémie de[…]
