Les laboratoires Servier ont demandé à la cour d'appel de
Versailles (Yvelines), d'infirmer le jugement du tribunal de
Nanterre (Hauts-de-Seine) qui, en décembre 2000,
les avait condamnés à indemniser une femme atteinte d'une grave
maladie qu'elle attribue à l'Isoméride. L'arrêt a été mis en
délibéré au 10 mai.
L'avocate des laboratoires Servier, Me Nathalie Carrère, a
mis en cause les expertises sur lesquelles s'est fondé le tribunal
pour condamner le groupe pharmaceutique. Selon elle
" les experts n'ont pas respecté le principe du
contradictoire " et leurs rapports " ne permettent
pas à la cour de confirmer le jugement de Nanterre " quant
à la responsabilité du laboratoire.
Mais elle s'est surtout attachée à démontrer que la prise
d'Isoméride par Anna Paulos n'était pas, comme l'a affirmé le
tribunal de Nanterre, " une cause directe et
certaine " de sa maladie. Pour elle, se basant sur une
ordonnance figurant au dossier et datant de mai 1993, Mme Paulos
n'aurait pris de l'Isoméride que " pendant 2
mois " alors que cette dernière affirme s'en être vu
prescrire en 1991, 1992 et 1993.
Pour Me Philippe Cariot, avocat de Mme Paulos, " la
relation causale " entre l'Isoméride et la maladie de sa
cliente " apparaît certaine ", rappelant qu'elle
en avait pris " pendant trois ans " à raison de
trois mois par an.
En décembre 1994, Mme Paulos avait dû subir une greffe des deux
poumons et une opération du c?ur. C'est alors qu'elle avait décidé
de se retourner contre les laboratoires Servier, leur réclamant
plus de 1 million d'euros. En première instance, le
tribunal avait reconnu le laboratoire responsable de l'hypertension
artérielle pulmonaire dont elle souffre depuis 1994 " à
la suite de l'ingestion du médicament Isoméride ", un
coupe-faim commercialisé jusqu'en 1997 par le groupe
pharmaceutique.
Les laboratoires Servier avaient été condamnés à payer plus de
318 000 € de dommages et intérêts à la victime, alors
âgée de 39 ans, et plus de 198 000 € aux organismes
de Sécurité sociale ayant pris en charge ses frais de maladie. Une
décision contre laquelle le laboratoire pharmaceutique avait
immédiatement interjeté appel.
L'isoméride, anorexigène, a été retiré de la vente en
France en 1997, et le groupe américain American Home Products,
qui en détient les droits de commercialisation aux Etats-Unis, doit
de son côté verser 3,75 Mrds $ aux personnes ayant
consommé le produit de Servier, afin d'éviter une action en justice
de ceux-ci.
Pharmacie/Isoméride : les laboratoires Servier demandent l'infirmation de leur condamnation
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