LILLY S'EMPARE D'IMCLONE
A 6,5 milliards de dollars, l'offre
d'Eli Lilly a largement surpassé la
proposition de BMS. Elle a été
acceptée par ImClone. La fusion
devrait donner naissance à un
leader biopharmaceutique en
oncologie.
Après un mois de suspense, l'offre de rachat amicale de
6,5 milliards de dollars (4,8 Mrds €) par le groupe
pharmaceutique américain Eli Lilly sur la société de
biotechnologies ImClone est aujourd'hui officielle. Le président du
Conseil d'administration d'ImClone, l'investisseur Carl Icahn,
avait annoncé qu'un mystérieux acquéreur potentiel (CPH n°436)
valorisait sa société bien au-delà des quelque 4,7 Mrds $
initialement offerts par Bristol-Myers Squibbs (CPH n°434). Eli
Lilly propose 70 dollars par action, ce qui représente une
prime de 51 % par rapport au cours de la fin juillet et avant
que BMS ne fasse part de son intérêt. La dernière offre de BMS
était de 62 dollars par action (CPH n°438). ImClone a appelé
les actionnaires à accepter la proposition d'Eli Lilly, qui entend
lancer son offre le plus tôt possible pour pouvoir boucler la
transaction au quatrième trimestre de l'année ou au premier
trimestre 2009. En cas de réussite de l'offre d'Eli Lilly, les deux
sociétés fusionneront, formant ainsi un des leaders sur le marché
de l'industrie biopharmaceutique en oncologie. Cette transaction
permettra à Lilly d'élargir son portefeuille de produits
anti-cancéreux avec notamment Gemzar (gemcitabine), Alimta
(pemetrexed) et Erbitux (cetuximab). Et de renforcer son pipeline
en oncologie (composé aujourd'hui de 13 produits en développement
clinique) avec trois anticorps monoclonaux humains prometteurs qui
devraient entrer en phase III en 2009 : IMC-1121B (qui cible
le récepteur VEGF), IMC-A12 (ciblant le récepteur du facteur de
croissance 1) et IMC-11F8 (qui vise le récepteur du facteur de
croissance de l'épiderme).
ImClone partage les droits avec BMS pour son médicament vedette
l'Erbitux, qui a réalisé l'an dernier des ventes mondiales de 1,3
Mrd $ (en croissance de 18 %). BMS a annoncé qu'il acceptait
l'offre de son concurrent Eli Lilly sur ImClone, en précisant qu'il
continuerait à distribuer aux Etats-Unis l'Erbitux. Selon son p-dg,
James Cornelius, Bristol-Myers Squibb disposerait également depuis
longtemps des droits de commercialisation du composé IMC-11F8. Une
information qui serait contestée par la société de biotechnologies,
d'après Les Echos. BMS, qui possède 16,6 % du capital
d'ImClone, va apporter ses titres à l'offre. À raison de
70 dollars par action, BMS va mettre la main sur un milliard
de dollars.
Les biotechnologies,
cible des géants pharmaceutiques
Les offres de BMS et d'Eli Lilly sur ImClone, tout comme celle de
Roche sur Genentech (CPH n°433), constituent une réponse des
laboratoires pharmaceutiques traditionnels à la perte des brevets,
à l'assèchement des pipelines et à la diminution de la productivité
de la R&D. Eli Lilly réagit ainsi à la menace des génériques
qui pèse sur son produit vedette, le Zyprexa (olanzapine), un
traitement de la schizophrénie. Les sociétés de biotechnologies
connaissent leur valeur et se montrent exigeantes envers leurs
acquéreurs. Genentech, comme ImClone, avait jugé l'offre de son
potentiel repreneur de « sous-évaluée ». Roche avait
pourtant proposé le montant non négligeable de 43,7 Mrds $ en
juillet pour acquérir les 44,1 % qu'il ne détient pas encore.
Autant de signes qui montrent que l'industrie pharmaceutique est en
pleine mutation. « Et si la crise actuelle avait finalement
des conséquences positives pour les laboratoires et leur potentiel
d'innovation? », s'interroge Claude Allary, directeur général
de Bionest Partners Consultants.
J.B.
Un accord de licence avec Deciphera
Pharmaceuticals
Toujours dans le domaine
de l'oncologie, Lilly vient d'annoncer un accord de collaboration
et de licence mondiale pour l'étude de quatre programmes concernant
les inhibiteurs de kinases B-Raf de Deciphera Pharmaceuticals dans
le traitementdes cancers.