Le suisse Lonza,
dont la mise sur le marché boursier est prévue pour le premier
novembre, suite à la fusion de sa maison mère Alusuisse avec
Pechiney et Alcan, vient d'inaugurer sa première unité chinoise,
pour la production de nicotinamide (niacinamide) ou vitamine B3.
Avec une capacité de 3400 t/an (et des possibilités de
dégoulottage à 4000 t/an), il s'agit d'une des plus grandes
unités mondiales et de la plus importante en Chine où seuls deux
producteurs locaux ont une capacité de 100 à 150 t/an chacun.
L'unité qui emploie une cinquantaine d'employés devrait réaliser un
chiffre d'affaires d'environ 20 M$ par an.
Lonza va ainsi conforter sa position de premier producteur
mondial sur un marché de 25000 t/an (acide nicotinique et
nicotinamide) malgré la fermeture d'une unité à Viège (Suisse). Le
groupe, qui transformait sur ce site de l'acide nicotinique en
nicotinamide (capacité de 1400 t/an), va arrêter cette
production tout en conservant celle d'acide nicotinique (fabriqué à
partir de méthyl-éthyl-pyridine). C'est également sur le site de
Viège qu'a été mis au point le nouveau procédé pour la production
de nicotinamide utilisé pour la première fois en Chine. Cette
technologie est plus performante que celle utilisée par ses
concurrents -le joint-venture Degussa-Reilly et l'américain Nepera-
qui n'obtiennent du nicotinamide que comme coproduit lors de la
production de pyridine (matière première agrochimique, notamment
pour le Paraquat de Zeneca). Le procédé développé par Lonza
utilise comme matière première la méthylpentane diamine ou Dytek un
coproduit de la fabrication du Nylon, essentiellement produit par
DuPont avec qui Lonza a signé un accord. La méthylpentane
diamine est d'abord transformée en 3-méthylpipéridine par
cyclisation, puis en 3-picoline par déshydratation. Pour l'étape
suivante d'ammoxidation et la transformation en 3-cyanopyridine,
Lonza a mis au point son propre catalyseur (qu'il produit
également). Le groupe suisse a ensuite développé une voie
originale de biohydrolyse (grâce à l'utilisation d'une enzyme) pour
la dernière étape de synthèse. Ce qui permet de limiter les
déchets. Lonza, qui a financé la plus importante partie de
l'investissement (30 M$ au total), détient 60 % du
joint-venture aux côtés du chinois Guangzhou Pesticide Factory qui
a essentiellement fourni le terrain. Installé en pleine ville, dans
la banlieue de Guangzhou (Canton), le groupe chinois réalise un
chiffre d'affaires de 200 M de RMB (165 MF) dans les
produits phytosanitaires organiques et les engrais.
L'aventure a commencé pour le groupe suisse au début des
années 90 avec la recherche d'un partenaire et d'un site en
Chine. " Nous en avons examiné une douzaine ",
explique le Dr Helmut Rupp, vice-président d'Alusuisse Lonza et
responsable de la division Chimie fine et spécialités. Même si
Lonza était déjà présent sur ce marché au travers de la vente de
dérivés du cétène (où il est numéro un mondial), de dérivés de
l'acide cyanhydrique et de métaldéhyde, le démarrage du projet a
été long (six ans entre la signature d'une première lettre
d'intention et la mise en service).
Grâce à cette alliance, Lonza
compte désormais se positionner sur le marché chinois des
vitamines, encore peu occupé mais prometteur. En revanche,
l'atout du coût de production n'a pas été décisif dans la mesure ou
le nombre d'employés (même payés selon le salaire local, soit
environ 1500 F/mois pour un ouvrier) est largement plus
important que dans une unité équivalente en Europe. Seul le montant
de l'investissement initial est inférieur de manière significative.
" Notre analyse qui a conduit à la construction d'une unité
dans cette région est pleinement justifiée par l'évolution positive
du marché ", explique Dr Helmut Rupp. Le marché chinois
des nicotinates (acide nicotinique et nicotinamide) étant encore
restreint (1200 t/an), environ 75 % de la production sera
exportée et le restant commercialisé en Chine, soit distribué par
Roche, BASF et Rhône-Poulenc (qui en consomme également dans son
unité de premix pour l'alimentation animale située a Singapour),
soit directement par Lonza pour les gros client comme Tianjin. Les
prix pratiqués sont de l'ordre de 4 à 5 $ par kilo pour le
nicotinamide utilisé dans l'alimentation animale et environ
6 $ pour la qualité alimentaire et pharmaceutique.
" Le marché mondial des vitamines
avoisine 3 Mrds $, les vitamines C, E et A étant les plus
importantes " explique le Dr Beat In-Albon, responsable de
l'activité chimie fine organique. Le nicotinamide ou vitamine B3
compte pour " 4 % du total, soit 120 M$. [...] Le
premier marché est celui de l'alimentation animale " qui
représente un chiffre d'affaires de 1,8 Mrd $ dont
80 M$ pour le nicotinamide. " Lonza détient 63 % de ce
marché ", souligne-t-il. Si l'Europe et l'Amérique du
Nord sont aujourd'hui les principaux acheteurs de vitamine B3 pour
l'alimentation animale, ces marchés sont quasiment saturés alors
que l'Asie connaît des taux de croissance de 8 à 10 %,
liés à l'augmentation de la consommation de viande. " La
consommation de poulet va croître de 4 kg par habitant en
Asie-Pacifique à 15,5 kg, selon un rapport de la Banque
Mondiale, alors qu'elle atteint 45 kg aux États-Unis ",
indique B. In-Albon.
Dans le domaine de la nutrition et de la
pharmacie, le marché du nicotinamide est plus petit, de l'ordre de
40 M$ et l'Amérique du Nord arrive largement en tête avec des
taux de croissance de 5 %. A peine cette nouvelle unité en
route, le groupe " étudie déjà de nouveaux
projets " en Chine, notamment pour la production de
dérivés du cétène et de l'acide cyanhydrique, " afin de
suivre nos partenaires qui délocalisent ", explique B.
In-Albon. Mais cette fois " sans partenaire ",
prévoit Martin Trechsel, responsable du projet
cantonais.
De Cyrienne Clerc à Guangzhou
Nicotinamide/Lonza ouvre sa première unité en Chine
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