Rémi Delansorne, directeur général d'Hybrigenics, n'est, semble-t-il, pas trop inquiet du trou d'air qu'ont traversé les valeurs biotechnologiques françaises ces dernières semaines. Ainsi, son entreprise, comme il nous l'avait confié dès avril dernier (CPH n°380), vient d'officialiser son intention d'entrer en Bourse, avec pour objectif de lever environ 26 millions d'euros.
Pourtant, il y a deux
semaines, NicOx et Transgene, mais aussi Metabolic Explorer, Genfit
et BioAlliance Pharma pour ne citer qu'elles, ont vu leur cours
dévisser, avant de reprendre par la suite un peu de couleurs. Une
conjoncture qui selon Rémi Delansorne n'est pas synonyme d'une
perte de confiance dans le secteur: « Beaucoup de gérants ont
réalisé des plus-values dans les biotechnologies françaises. Il est
donc normal qu'ils aient privilégié ces valeurs lorsqu'ils ont eu
besoin de liquidités. Quand ils ont gagné 200 %, voire plus, en
trois ans sur le titre NicOx, on peut comprendre qu'ils en cèdent
une part ». D'autant que souligne le dirigeant, « si c'était une
perte de confiance dans les sociétés elles-mêmes, les baisses
seraient beaucoup plus sélectives, or dans les valeurs qui ont
chuté, il y a beaucoup de profils différents ». Transgene et
Metabolic Explorer ne sont en effet pas du tout
comparables.
Rémi Delansorne reconnaît
toutefois qu'il aurait préféré « lancer cette IPO dans une phase
d'euphorie », et que ce climat complique bien les choses. Mais,
souligne-t-il non sans ironie, « on m'a toujours dit que c'était
quand un secteur était au plus bas qu'il fallait acheter ». Plus
sérieusement, il estime que « peu de sociétés de biotechnologies
peuvent se targuer d'avoir deux activités à un stade avancé, avec
d'une part un produit en clinique chez le malade (en phase II) et,
d'autre part, un produit d'exploitation supérieur à 3 Me. Si l'on
regarde bien nos deux métiers, nous sommes face à des progrès qui
légitiment notre IPO ».
Il faudra attendre les 7
et 10 décembre prochain pour connaître le résultat de cette entrée
en Bourse. Un projet que le dirigeant avait en avril dernier plutôt
situé début 2009 que fin 2008. L'opération a ainsi été un peu
avancée. Les fonds que l'entreprise espère lever restent
indispensables pour la bonne exécution de la stratégie
d'Hybrigenics. Ils lui permettront en effet de pouvoir financer les
essais cliniques de son projet le plus avancé, l'inecalcitol, qui
vient tout juste d'entrer en phase II. « Lors de ce lancement, nous
avons dans le même temps amorcé les prises de contact avec les
partenaires commerciaux potentiels. Notre entrée en Bourse doit
nous permettre de leur donner le temps de se décider, même si cela
doit se faire en cours de phase III », nous a-t-il confié. «
L'immense majorité » de cette levée de fonds sera d'ailleurs
destinée à financer ces essais, l'autre branche d'Hybrigenics, les
services, n'étant pas consommateurs de cash, selon le dirigeant.
Quand à d'éventuelles acquisitions – de taille modeste et destinées
à élargir son pipeline, « elles ne seront envisagées que dans le
cas où l'option de surallocation serait exercée, mais ne rêvons pas
», indique Rémi Delansorne.