
Tandis que le virus se propage sur la planète, les gouvernements multiplient les efforts pour se constituer des stocks.
La France et les États-Unis viennent chacun de passer des commandes atteignant le milliard d'euros ou de dollars.
Tandis que le virus se
propage sur la planète, les gouvernements multiplient les efforts
pour se constituer des stocks.
La France et les
États-Unis viennent chacun de passer des commandes atteignant le
milliard d'euros ou de dollars.
L'Organisation
mondiale de la Santé (OMS) a arrêté de compter. La propagation du
virus de la grippe A(H1N1) est bien trop rapide. Au 6 juillet 2009,
le dernier bilan détaillé disponible recensait près de 95 000
personnes infectées et 429 décès dans le monde. Du coup, la demande
en vaccins pour la constitution de stocks est en pleine
effervescence. Aux États-Unis, pays le plus affecté
avec
34 000 personnes
touchées et 170 décès, l'État fédéral américain remet la main au
portefeuille. Début mai, le ministère de la Santé (Health and Human
Services, HHS) avait déjà débloqué environ un milliard de dollars
pour le développement d'un vaccin et la mise en place d'essais
cliniques. Ces derniers jours, le HHS a annoncé le déblocage d'une
enveloppe de 884 millions de dollars (627 M€) pour l'achat de
stocks d'antigènes et d'adjuvants, ingrédients nécessaires à la
production d'un vaccin potentiel contre la souche A(H1N1). L'achat
d'ingrédients est destiné à une éventuelle campagne de vaccination
à grande échelle, d'ici à mi-octobre, pour parer la déclaration
d'une nouvelle vague pandémique en 2009. Cet investissement
bénéficie aux laboratoires déjà sous contrats avec le
gouverne
ment fédéral, comme
Sanofi Pasteur, GlaxoSmithKline, MedImmune et surtout Novartis. Le
laboratoire suisse revendique au total deux contrats d'une valeur
de
979 M$ rien qu'aux
États-Unis, à la fois pour ses ingrédients et ses adjuvants. De
quoi réévaluer à la hausse l'enveloppe de 884 M$ annoncée par la
HHS.
En France aussi, où
310 cas, mais aucun décès, ont été répertoriés, l'État se mobilise.
En témoigne la commande passée la semaine dernière pour 94 millions
de doses de vaccins contre la grippe A(H1N1). Soit une enveloppe
d'une valeur globale d'1 milliard d'euros. 28 millions de doses ont
été fermement commandées auprès de Sanofi Pasteur, avec une option
pour 28 millions supplémentaires. Ces vaccins destinés à la France
seront produits dans l'usine française du groupe à Val-de-Reuil
(Eure). Le laboratoire britannique GSK a reçu de son côté une
commande française ferme de 50 millions de doses. L'État a
également requis 16 millions de doses fermes et une option de 8
millions supplémentaires auprès de Novartis. Du côté de la
recherche, l'État a par ailleurs débloqué une enveloppe de 2 M€
pour soutenir les travaux de recherche sur l‘épidémie de grippe A
(H1N1) menés par l'Alliance des sciences de la vie et de la santé.
Créée au printemps dernier, ce groupement d'acteurs clés de la
recherche française réunit des acteurs comme l'Institut Pasteur, le
CNRS et encore
l'Inserm (CPH
n°462). Selon le ministère français de la Recherche, la France
consacre 40 M€ par an à la recherche sur la grippe.
Julien
Cottineau
Course contre la montre
Si l'OMS semble moins préoccupée de la sévérité de
la grippe A(H1N1), elle s'inquiète en revanche de sa rapidité de
propagation sur la planète. D'ordinaire, les virus de la grippe
nécessitent six mois pour se propager dans les mêmes proportions
sur le globe que le virus A(H1N1), lequel n'a mis que six semaines.
Dès lors, les laboratoires producteurs de vaccins antigrippaux
entament une course contre la montre, d'autant que les productions
habituelles de vaccins contre la grippe saisonnière sont loin
d'être achevées, tout comme les essais cliniques du vaccin contre
le A(H1N1). En terme de production, quatre à six mois seraient
ensuite nécessaires selon Sanofi Pasteur.