« Dix ans après, c'est encore un projet ». À croire que Thierry Mandon, président
du GIP Genopole, vit toujours ce succès comme une aventure.
« Dix ans après,
c'est encore un projet ». À croire que Thierry Mandon, président du
GIP Genopole, vit toujours ce succès comme une aventure. À l'heure
où le bioparc d'Evry souffle ses dix premières bougies, il entend
amorcer un virage stratégique afin de devenir un biocluster. Une
mutation qui démarrera dès novembre avec l'ouverture du plus grand
centre français de bioproduction de protéines thérapeutiques et
d'anticorps monoclonaux en conditions GMP. Ce qui le classera parmi
les dix plus importantes structures de ce type au rang européen. Et
comme l'idée consiste à « disposer de tous les modes de
bioproduction à Evry, nous allons favoriser le développement de
tout un ensemble de systèmes nouveaux pour la production de
molécules qu'aucun chimiste ne peut produire », précise Pierre
Tambourin. Le directeur général de Genopole ne veut pas moins
qu'orienter ce projet initial fondé autour de la génétique et de la
génomique vers la « bioproduction du futur ». D'ores et déjà, outre
le centre qui sera inauguré en novembre, sept autres projets sont
sur les rails. Cinq unités de production sont programmées, pour les
vecteurs viraux, les enzymes et la biocatalyse, les levures et
bactéries, les protéines vaccinales et les oligonucléotides. Un
laboratoire d'ingénierie cellulaire et une unité de répartition
antiseptique, pour la délivrance de produits administrables dans
les essais cliniques de phase II, complètent des perspectives
destinées à développer la biologie de synthèse et systémique, ainsi
qu'à se lancer dans des essais cliniques à grande échelle.
En 2011, Genopole
bénéficiera de la création du Centre Hospitalier Sud Francilien,
regroupant les hôpitaux d'Evry-Courcouronnes et de Corbeil. Le
biocluster adossera son Centre de recherche clinique et
translationnelle dont la construction a démarré l'an dernier. Une
manoeuvre qui offrirait ainsi à sa pépinière d'entreprises environ
1000 lits pour leurs projets de développement. Et pour parachever
les contours du futur biocluster, viendra s'ajouter la dimension
enseignement avec l'implantation de l'université d'Evry-Val
d'Essonne prévue pour 2011. De quoi contrecarrer, à en croire
Pierre Tambourin, le « danger pour Genopole de retomber très vite
comme un soufflé ». Sauf qu'en dix ans, Genopole a accumulé des
statistiques impressionnantes au sein d'un pays dont le retard
biotechnologique ne cesse d'être décrié et continue d'inquiéter.
Des 300 projets entrepris, 64 entreprises de biotechnologies ont
éclos, soit 20 % des sociétés de ce type recensées sur le
territoire national. Chaque année, ce sont entre 4 et 6 sociétés
qui sont « créées, accueillies ou incubées » auprès des 22
laboratoires académiques de recherche, comme l'Inserm, l'Inra ou le
CNRS, présents à Genopole. Des entreprises innovantes et dynamiques
qui réussissent à séduire les investisseurs. En dix ans, 38 d'entre
elles sont parvenues à lever 180,8 millions d'euros. Et 35 sociétés
génèrent un chiffre d'affaires global de 77,7M€. En outre, la
recherche a fait ses preuves à Genopole avec pas moins de 448
brevets déposés et 25 molécules ou biothérapies évoluant dans le
circuit de développement, entre la phase préclinique et celle de
lancement. Au printemps dernier, Novagali Pharma a lancé le premier
produit jamais sorti de Genopole, Cationorm (CPH n°418). Il y a
fort à parier que les 2053 employés directs de Genopole ont vécu
cela comme le début, là aussi, d'une nouvelle aventure.