L'Indien Matrix Laboratories va racheter le Belge Docpharma, pour 214 M?, afin de profiter de la forte croissance attendue du marché européen des génériques. Une stratégie de croissance externe que bien d'autres de ses concurrents et compatriotes ont déjà plébicitée depuis longtemps, à l'instar de Zydus Cadilla - qui s'est emparé d'Alpharma -, de Ranbaxy (RPG Aventis) ou de Wockhard (Esparma et CP Pharma). Une piste également suivie par l'Israélien Teva (Dorom et Bayer Classics).
Présent en Belgique, en
France, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Italie, DocPharma a
enregistré l'an dernier des ventes de 120 M$ (98,7 M?), en hausse
de 32 %. La nouvelle entité sera ainsi forte d'un chiffre
d'affaires annuel de 265 M$ (218,1 M?), contre 148 M$ (123 Me) pour
Matrix seul. Son Ebitda, sur la base des chiffres du dernier
exercice, s'élèvera à 59,6 M$ (49 M?). La répartition géographique
de son activité sera radicalement changée: l'Europe deviendra son
premier marché (48 % des ventes, contre 25 % actuellement), devant
l'Inde (26 % contre 37 %), et les États-Unis (17 % contre 12 %). Au
niveau commercial, Matrix s'est fixé quatre pays comme principaux
marchés cibles: la France (où Docpharma est présent via sa filiale
DCI Pharma), la Belgique, l'Italie et les Pays-Bas. Soient les
marchés européens promis à la plus forte croissance à l'avenir. Le
marché français, qui s'élevait en 2004 à environ 2 Mrds? devrait
ainsi enregistrer, entre 2004 et 2008, une progression annuelle
moyenne de 29 %, contre 32 % pour l'Italie (1,6 Mrds?), 28 % pour
les Pays-Bas (740 M?) et 17 % pour la Belgique (170 M?), selon
Datamonitor et IMS Health. En termes d'activités, Docpharma apporte
aussi de nouveaux débouchés hors des génériques, dans les
médicaments OTC et le matériel médical.
Le rachat de la compagnie
belge permet à Matrix de créer une entité intégrant production,
R&D et marketing. En plus de ses cinq usines de principes
actifs, Matrix se renforce dans le façonnage, qui représentera
désormais 25 % de ses ventes. D'autant que la compagnie,
parallèlement à cette opération et à la récente acquisition d'une
usine indienne de formes finies, a annoncé début juin son intention
de fusionner avec son compatriote Strides Arcolab, l'un des
principaux façonniers indiens. Ce dernier dispose de onze usines
situées aux États-Unis, au Brésil, au Mexique et en Inde, et a
réalisé l'an dernier 100 M$ (83 Me) de ventes. Autre atout, une
participation de 60 % dans le Chinois MCHEM Pharma, acquise en
mars. Avec un chiffre d'affaires de 35 M$ (29 Me), ce dernier est
présent dans la production de principes actifs, la mise sous forme
pharmaceutique et la distribution de médicaments.
Matrix devra toutefois
faire face à l'intense concurrence qui règne en Europe, notamment
en France, en raison du très grand nombre d'acteurs présents. Si
Novartis (après le rachat d'Hexal) et Ratiopharm en contrôlent
respectivement 13,5 % et 14,5 %, près de la moitié du marché
européen est aux mains de petites sociétés dont la part de marché
est inférieure à 1,4 %. Une situation qui conduit à une forte
pression sur les marges du secteur, même pour les producteurs les
plus importants.
Cédric
Ménard