
Marie-Laure Pochon, présidente de Lundbeck France, et vice-présidente régionale France, Belgique et Allemagne
© Lundbeck
Lundbeck est un laboratoire danois de taille moyenne. Qu'est-ce qui le distingue de ses grands concurrents de la pharmacie ?
La principale caractéristique de Lundbeck est d'être focalisé sur un domaine thérapeutique unique : le système nerveux central. La dépression et l'anxiété, la schizophrénie, l'insomnie, la maladie de Huntington, la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson... , toutes les grandes pathologies qui touchent le cerveau entrent dans son champ d'activité. Par ailleurs, nous travaillons sur des médicaments chimiques et non pas biotechnologiques. Ce qui fait la force de Lundbeck, c'est de ne pas être dispersé. Le chiffre d'affaires du groupe était de l'ordre de 1,8 milliard d'euros en 2009 pour un effectif de 5 900 personnes, dont 250 M€ réalisés en France. Autre spécificité, nous investissons plus que les autres laboratoires pharmaceutiques dans la R&D, près de 23 % de nos revenus chaque année. Enfin, nous avons un business model unique puisque 70 % de nos actions sont détenues par une fondation qui finance près de 400 chercheurs indépendants. En 2009, la Fondation Lundbeck a soutenu des recherches à hauteur de 46 M€.
En octobre 2009, Lundbeck a fait l'acquisition du site industriel d'Elaiapharm, dans le sud de la France. Qu'est-ce qui justifie cette opération ?
Lundbeck disposait déjà de deux sites de production chimique à Padoue en Italie et à Lumsaas au Danemark, et d'un seul site de formulation et conditionnement pharmaceutique situé à Valby au Danemark où est installé le siège de la société. Mais cela n'était pas suffisant dans la mesure où, dans la pharmacie, il faut toujours deux sites pour sécuriser des étapes de production. Aussi, Lundbeck avait en projet de construire un site de développement et de production en Allemagne. Le terrain avait été acheté. Et c'est là qu'est intervenue la filiale française en proposant le rachat d'Elaiapharm situé à Sophia Antipolis. Le site travaillait pour nous en sous-traitance depuis une petite dizaine d'années. Il faisait principalement du conditionnement pour l'Europe et la Chine à raison de 4 millions de boîtes par an.
Quel est votre projet pour ce site ?
Notre projet est d'investir 30 M€ sur les trois prochaines années pour changer totalement les équipements et la configuration de ce site et réaliser du développement, de la formulation et du conditionnement. C'est un site dont le parc de machines est ancien, mais avec des personnels très compétents. Depuis sa cession par Glaxo-SmithKline, il y a une dizaine d'années, Elaiapharm a traversé des difficultés, avec différents repreneurs qui n'ont pas été en mesure d'investir sur le plan industriel. Ainsi, nous envisageons de transférer des productions qui étaient réalisées dans notre usine du Danemark ou par des sociétés sous-traitantes pour atteindre une production de 15 millions de boîtes de plus dès 2011. Par ailleurs, outre les médicaments de Lundbeck, le site va conserver des productions en sous-traitance pour des tiers avec un ratio de l'ordre de 50/50.
A quels produits et marchés seront destinées ces productions ?
Les productions de Lundbeck seront destinées pour moitié au marché international. De ce fait, ce site de Sophia Antipolis contribuera positivement à la balance commerciale de la France. Et nous avons été récompensés par le "Trophée de l'implantation Côte d'Azur 2010" dans la catégorie International (voir encadré). En revanche, la production ne sera pas spécialisée par type de produits. Nous retrouverons à Sophia Antipolis une partie des grands produits de la gamme de Lundbeck et nous préparons le site à l'accueil des futurs médicaments du groupe.
Vu du Danemark, comment est perçu le marché français ?
La France est perçue comme un marché important, tout comme l'Allemagne, avec une très bonne image en termes de personnels et de compétences. C'est la compétence des salariés d'Elaiapharm qui a pesé dans la décision du rachat du site français plutôt que d'investir en Allemagne. En revanche, vu de l'extérieur, les lois sociales françaises paraissent bien compliquées.
Cette acquisition aura-t-elle des conséquences sur l'emploi ?
Nous nous sommes engagés à ne pas procéder à des licenciements et à conserver les 130 personnes qui travaillent pour Elaiapharm. Il est même probable qu'à terme nous recrutions quelques dizaines de personnes. Tout dépendra du succès des nouveaux produits de Lundbeck et de leur transfert éventuel sur ce site. Par ailleurs, nous avons de la place pour de futures extensions et la possibilité de racheter des terrains avoisinants. Mais il est beaucoup trop tôt pour envisager ce type de projets. L'acquisition d'Elaiapharm doit d'abord être digérée. Cet effectif de 130 personnes s'ajoute aux 480 personnes qui travaillent en France dans les filiales commerciale et de R&D.
Que va-t-il advenir du terrain allemand ?
Ce site est devenu un centre de distribution européen et fonctionne depuis 2009.
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