La société américaine Nektar vient de critiquer vivement la manière dont Pfizer a décidé de l'abandon d'Exubera, la première insuline inhalable à avoir été homologuée par les autorités sanitaires américaines et européennes.
Howard W. Robin, p-dg du
partenaire du laboratoire au lendemain de l'annonce de Pfizer (CPH
n°398), a ainsi affirmé être « très déçu de la performance de
Pfizer dans la commercialisation d'Exubera », regrettant de plus de
n'avoir pas été informé de la décision du retrait avant la
publication du communiqué de presse. Le dirigeant ajoute que «
Pfizer a publiquement reconnu ses difficultés organisationnelles et
les conséquences de celles-ci sur la performance du lancement
d'Exubera ». Et d'indiquer que Nektar « étudie toutes les options
disponibles pour protéger ses intérêts ». On comprend le
mécontentement du patron de Nektar, pour qui Exubera est l'un de
ses projets phare. La société est non seulement à l'origine du
développement galénique du médicament – formulation et mise au
point de l'inhalateur compris – mais ce produit était l'un des
piliers qui devaient lui permettre de dégager ses premiers
bénéfices.
Si sa direction tente de
rassurer ses actionnaires en indiquant qu'elle a d'autres
partenariats et projets majeurs dans son panier, elle indiquait
néanmoins dans son dernier rapport annuel que « le succès
commercial d'Exubera est un facteur critique pour (…) pouvoir
financer les éléments clés de notre stratégie de développement ».
Par ailleurs, en 2006, sa collaboration avec Pfizer a représenté
pas moins de 64 % de son chiffre d'affaires. Avant son lancement,
Exubera était considéré comme un blockbuster potentiel, avec des
ventes annuelles qui auraient pu dépasser les 2 milliards de
dollars d'après les analystes. Selon les termes de son contrat avec
Pfizer, Nektar devait non seulement toucher des revenus sur les
ventes du traitement, mais facturait aussi sa production. Il était
responsable de la moitié de la production primaire, et de
l'intégralité de son conditionnement. Ce projet phare tombant à
l'eau, la société va non seulement devoir faire une croix sur les
revenus, mais aussi trouver une solution de remplacement pour
remplir ses unités de production. À moins que Pfizer ne décide de
lui rétrocéder les droits sur ce médicament, ce qui permettrait à
Nektar de trouver un nouveau partenaire commercial. Reste à savoir
qui osera prendre la suite, alors que Sanofi-Aventis et Pfizer ont
tous deux renoncé ou échoué à transformer cette innovation en
succès commercial.
C.M.