La
société de chimie fine Seac (CA : 160 MF, effectif de
140 personnes) vient d'inaugurer sur son site industriel
de Beuvry-la-Forêt une installation d'épuration des eaux usées
fondée sur le " bioréacteur à membranes " (BRM) une
technologie développée par Degrémont qui permet d'augmenter
sensiblement les capacités de traitement tout en améliorant de
façon spectaculaire la qualité des eaux rejetées dans
l'environnement. " Désormais, nos clients nous jugent
autant sur nos performances environnementales que sur la qualité de
nos produits et de notre service " explique Christian
Aspisi, directeur général de Seac. Deux aspects sur lesquels la
Seac a mis l'accent très tôt. " Le site de
Beuvry-la-Forêt, certifié ISO 9001 en 1994, a été la deuxième usine
chimique en France à obtenir, en 1997, la certification
ISO 14001 " précise Boris Paskoff, le
directeur de l'usine. Elle fut aussi l'une des premières usines de
chimie fine à s'équiper, dès 1974, de sa propre station
d'épuration des eaux polluées. C'est le BRM qui la remplace
désormais avec une augmentation de capacité de traitement de plus
de 100 % (de 1,5 t à 3,3 t de demande chimique en
oxygène -DCO- par jour). Le BRM comprend les bassins de collecte
des eaux usées, y compris pluviales, un bassin tampon de
3000 m3 et un bioréacteur de 1150 m3 où se déroule la
biodégradation des effluents. L'originalité du procédé réside
dans l'étape suivante d'ultrafiltration tangentielle des boues
produites sur une batterie de membranes en céramique de la
société Tami. Constituées d'une couche filtrante en
TiO2-ZrO2 déposée sur alumine, ces membranes ont un seuil de
coupure à 0,01 µ, c'est à dire qu'elles rejettent une eau
parfaitement limpide en ce qui concerne les matières en suspension
(seuil à 2 µ). De plus, le BRM permet de travailler avec des
boues plus concentrées avec un meilleur rendement de réduction de
la demande biologique en oxygènee (DBO) et une certaine
autodigestion des boues. Cette installation représente un
investissement total de 17 MF, dont une aide de 8,8 MF de
l'agence de l'eau Artois-Picardie se décomposant entre un prêt
de 5 MF et une subvention de 3,8 MF. Une somme
supplémentaire de 9 MF est prévue d'ici à 2004 si la
présence d'une DCO "dure", c'est à dire non biodégradable, exigeait
un traitement supplémentaire.
Sans constituer une première dans la chimie car les usines
Sanofi de Sisteron et d'Aramon, ainsi que l'usine L'Oréal de Caudry
en sont équipées, le BRM est encore peu utilisé dans l'industrie
chimique à qui il offre pourtant une solution d'avenir pour le
traitement des eaux industrielles polluées par des matières
organiques.
" Ces investissements considérables vont nous permettre
d'accroître nos capacités de production " explique
Christian Aspisi, dont l'objectif est de faire passer d'ici deux
ans, " si le marché le permet " la capacité
réactionnelle de l'usine de Beuvry de 150 à 250 m3 et son CA à
250 MF. La construction d'un nouvel atelier entièrement
GMP pour lequel le site de Beuvry (8 ha) dispose de toute
la surface nécessaire est aujourd'hui à l'étude. En
attendant, un pilote (investissement 3-4 MF) équipé d'un
réacteur cryogénique en Hastelloy de 160 litres va être mis en
service au premier trimestre 2000. Il devrait être suivi
d'une nouvelle ligne de finition de 15 à 20 MF équipée de
cristallisoirs et d'essoreuses GMP, avec alimentations en
confinement et traitement d'air. " Tous ces
investissements ne sont possibles qu'en raison de la bonne
rentabilité de Seac -environ 24% de résultat avant impôt sur
chiffre d'affaires- et de ses perspectives de croissance sur son
marché privilégié, celui des intermédiaires avancés pour
l'industrie pharmaceutique (80 % du CA, contre
15 % dans les produits photographiques et 5 % dans le
vétérinaire) " précise Christian Aspisi. Une situation qui est
encore la meilleure garantie de pérennité de Seac au sein du groupe
néo-zélandais Fernz-Nufarm (4,5 Mrds F de CA). Déjà présent
dans l'agrochimie, la chimie de spécialités et les biotechnologies,
ce dernier nourrit apparemment des ambitions dans le secteur de la
chimie fine où Seac est son seul point d'appui. " Comme la
tendance est à la concentration également dans ce secteur,
estime Christian Aspisi, des acquisitions sont à l'ordre du
jour, en priorité aux USA, mais des opportunités pourraient aussi
se présenter en Europe et en France ".
Chimie fine/Seac : une croissance fondée sur la qualité et l'environnement
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