
Une société de biotechnologie européenne sur
cinq serait confrontée à un risque de faillite d'ici
à la fin 2009.
Une société de
biotechnologie européenne sur cinq serait confrontée à un risque de
faillite d'ici à la fin 2009. Et ce nombre pourrait croître en 2010
si la conjoncture actuelle persistait.
« La majorité de ses
sociétés ont une trésorerie suffisante pour couvrir 6 à 12 mois de
frais, seulement », indique Anne-Charlotte Pupin de la société de
conseil Alcimed, en charge d'une étude sur les biotechnologies
européennes face à la crise, réalisée avec l'EBE (European
Biopharmaceutical Entreprises). Le secteur aurait besoin de 2
milliards d'euros de financement par année, de la part de sociétés
privées, de capitaux-risqueurs ou de fonds gouvernementaux, afin de
maintenir son niveau actuel d'innovation. Un niveau qui est encore
en progression, en France pour le moins, comme le montre l'étude
réalisée par France Biotech sur le portefeuille de médicaments en
développement (CPH n°457).
Le secteur privé
continue pourtant d'investir dans les biotechnologies. Le nombre
d'accords conclus en phase de développement précoce entre les
laboratoires pharmaceutiques et les sociétés de biotechnologies est
en croissance en 2008. Selon Alcimed, 64 accords (incluant au moins
un acteur européen) ont été conclus sur l'année, contre 48 en 2007.
Leur analyse révèle que les rémunérations de ces deals restent très
attractives : alors que le montant était respectivement de 435
millions de dollars en 2006 et de 382 M$ en 2007, la moyenne s'est
élevée en 2008 à 409 M$ (incluant des versements directs, par
étapes et par redevance). « Les big pharma poursuivent leurs
investissements dans les PME des sciences de la vie, considérant
que ces collaborations représentent des opportunités stratégiques
vers l'acquisition d'innovations de rupture », explique Xavier
Pinardon, responsable de missions au sein de la business unit
Biotechnologies & Innovation d'Alcimed. « Nous n'observons pas
vraiment d'effet de la crise
sur la signature de
ces deals early stage.Un domaine qui a sa propre logique, avec ses
hauts et ses bas », ajoute-il. « Les big pharma ont, en effet,
toujours suffisamment de cash pour financer ce type de contrat »,
indique Anne-Charlotte Pupin. Là où le bât blesse, c'est dans le
financement gouvernemental, que les PME ont de plus en plus de mal
à décrocher. Certaines initiatives se mettent pourtant en place, à
l'image de celle en Norvège où le gouvernement a créé un fonds de
soutien au pôle de biotechnologies pour le cancer. Des discussions
sont en cours dans d'autres pays. En France, les financements dans
les sociétés de biotechnologies ont chuté de
79 % en un an, comme
l'a révélé l'étude de France Biotech (CPH n°454). Un plan de
relance offensif semble donc nécessaire.
« Y voyant de réelles
opportunités de croissance pour les uns comme pour les autres, le
phénomène d'accroissement du nombre de deals early stage observé en
2008 pourrait ainsi s'accélérer sur 2009 », indique Anne-Charlotte
Pupin. Cependant, « la situation pourrait également s'inverser très
rapidement si certains "serials-dealer", tel que Novartis, venaient
à arrêter leurs collaborations stratégiques dans le cadre de plans
de restructurations internes », contraste Xavier Pinardon. « Les
grosses acquisitions et méga fusions observées ces derniers temps
entre big pharmas pourraient également avoir un effet de
ralentissement sur les signatures de deals avec les sociétés de
biotechnologies », poursuit-il. Difficile de faire des pronostics
donc. Mais, en France comme ailleurs en Europe, les sociétés de biotechnologies se posent
clairement la question de leur
financement à moyen terme.
J.B.