La plus importante société de biotechnologies indienne, Biocon, vient d'inaugurer une usine de production de biosimilaires et autres protéines thérapeutiques à Bommasandra près de Bangalore.
Elle a été construite via
sa co-entreprise Biocon Biopharmaceuticals, dont elle détient 51 %,
les 49 % restant étant la propriété de Cimab, la branche
commerciale du Centre d'immunologie moléculaire de Cuba.
Représentant un investissement de plus d'un milliard de roupies (18
Mh), les bâtiments occupent une surface de 11000 m2 et comprennent
des salles de culture de cellules de mammifères, des installations
de conditionnement stérile (flacons, seringues, cartouches et
lyophilisats) et un module de contrôle qualité, l'ensemble
répondant aux normes cGMP. C'est la plus grande usine de
bioproduction multi-produits du pays, selon la société indienne.
L'unité, qui sera également ouverte à des tiers par l'intermédiaire
de services de synthèse à façon, a été conçue pour permettre un
quadruplement de ses capacités, précise Biocon.
Cette nouvelle usine – la
société dispose déjà de capacités pour la synthèse organique et par
fermentation microbienne – servira également les besoins internes
de Biocon. Ce dernier développe en effet différents anticorps
monoclonaux. Le plus avancé, Biomab EGFR, est un anticorps
monoclonal qui, comme son nom l'indique, bloque l'EGFR (epidermal
growth factor receptor) responsable de la prolifération des
cellules cancéreuses. Un mécanisme d'action qu'il partage notamment
avec Erbitux (cetuximab), anticorps monoclonal de Merck KGaA et
Imclone. Développé conjointement avec Cimab depuis février 2003, le
traitement vient de sortir des essais cliniques et devrait faire
l'objet d'un dépôt de demande d'AMM en Inde dans les prochaines
semaines dans le traitement des cancers de la tête et du cou. Le
pipeline de Biocon et Cimab comprend également un anticorps
anti-CD6, glycoprotéine exprimée à la surface des lymphocytes T,
avec des applications dans le traitement des lymphomes, de la
polyarthrite rhumatoïde, ou du psoriasis. La société indienne, qui
a réalisé en 2005 des ventes de 7,3 milliards de roupies (130 M€ )
pour un bénéfice net de 1,98 milliard de roupies (35 Mh),
principalement grâce à la vente de génériques, espère ainsi faire
sa place sur le marché des anticorps monoclonaux, qui représente
actuellement un potentiel commercial d'environ 15 Mrds $ (12 Mrds€
), chiffre qui devrait doubler d'ici à 2010.
Rappelons qu'un autre
Indien, Reliance Life Sciences (filiale du groupe chimique
éponyme), construit également sa première usine de synthèse de
biomolécules à Rabale, près de Mumbai. Représentant un
investissement de 9 milliards de roupies (170 Mh), cette usine fera
appel aux technologies de production de protéines par culture de
cellules de mammifères (avec une capacité de 10000 litres) et par
fermentation microbienne (1000 litres). Sa construction devrait
être finalisée d'ici à la fin de l'année.
Biocon reprend les actifs de l'Américain
Nobex
Biocon vient par ailleurs
de remporter l'appel d'offre pour le rachat des actifs de
l'Américain Nobex pour 5 M$ (4 Mh). Ce dernier s'était placé sous
la protection de la loi américaine sur les faillites l'an dernier.
Biocon collaborait avec cette société depuis octobre 2004 à la
formulation d'une insuline à administration orale baptisée IN-105.
Biocon a également acquis BN-054, un peptide natriurétique de type
B pour le traitement de maladies cardiovasculaires. Outre son
pipeline, Biocon héritera également du savoir-faire de Nobex dans
le domaine de la chimie médicinale, avec notamment un portefeuille
de 300 brevets.