C'est une projection dans le futur qu'ont proposé des PME et des chercheurs européens du programme Newbone co-financé par la Commission européenne dans le cadre du 6e PCRD.
Réunis les 5 et 6 novembre
dernier en Suède pour faire le point sur leurs avancées en matière
d'implants osseux, ils ont imaginé les prochaines générations de
prothèses, en matériaux composites. Stables biologiquement ou à
l'inverse biodégradables, les implants de demain seront assez
différents des standards métalliques actuels, le titane en tête.
Avec des propriétés mécaniques plus proches de l'os que les
implants titane. « Le projet vise à développer au moins deux types
de produits, des implants composites résorbables et des implants
composites non résorbables », précise Marie-Pierre Foulc, ingénieur
de la société bordelaise Rescoll, unique entreprise française
impliquée dans ce projet européen.
Les implants résorbables
répondent à des besoins en petite chirurgie, comme par exemple pour
favoriser l'ancrage des ligaments endommagés. L'implant est actif
pendant une durée déterminée, le temps que les tissus le colonisent
et se reconstituent. Ces prothèses sont des polymères associés à
des fibres dont la surface a été traitée avec un revêtement
bioactif. Le matériau ainsi obtenu est très solide et s'adapte
mieux au squelette. « À ce jour, nous évaluons trois systèmes
différents, faits de diverses associations de polymères avec des
fibres et des charges. Le but étant de trouver un compromis
technique entre un taux de monomères résiduels, la polymérisation
la plus complète possible dans des conditions de fabrication
optimales, la tenue mécanique de l'implant ainsi que sa
biocompatibilité », ajoute Marie-Pierre Foulc.
Deux implants en
préclinique en 2011
Le deuxième type d'implant
non résorbable doit pouvoir supporter le poids du corps en
remplaçant un fémur, par exemple. « Aujourd'hui, l'état de l'art
repose sur les implants en titane mais ils engendrent de nombreux
problèmes, comme la décalcification, à l'interface entre l'os et
l'implant (phénomène de stress shielding) au bout de 10 ou 15 ans.
Un effet qui implique le recours à une autre opération lourde,
alors que la plupart du temps, les patients sont des personnes
âgées avec des os fragilisés », ajoute-elle.
Avec le vieillissement des
populations, les attentes technologiques en implants seront
d'autant plus cruciales. Autre défi de Newbone: le revêtement de
surface des prothèses pour favoriser l'accroche cellulaire, la
biocompatibilité et bioconductivité. « Le système doit être proche
de la chimie de l'os avec une bonne biocompatibilité de surface et
fonctionalisé avec des principes actifs, comme des antibactériens
», détaille la chercheuse.
Créé en juin 2001, Rescoll
intervient en qualité de spécialiste de la formulation des
polymères, de la mise en œuvre des composites et des revêtements «
pour les autres aspects techniques, nous travaillons avec plusieurs
consortia privés. » Pour un futur plus lointain, les industriels et
chercheurs imaginent déjà une génération fondée sur des matériaux
hybrides associant des matériaux inertes à des matériaux vivants
issus du génie tissulaire.
Le projet Newbone est
co-financé avec 6,5 millions d'euros jusqu'en 2011. À cette date,
le projet devrait se prolonger par une étude clinique
multicentrique pour les deux implants développés.
N.T.
En savoir plus:
http://www.hb.se/ih/polymer/newbone/